Sauvegarde de la Casbah d’Alger : Un expert allemand dénonce !
C’est un véritable pavé jeté dans la mare par Armin Dürr, expert allemand en architecture, lors de la réunion internationale d’experts sur la conservation et la revitalisation de la Casbah d’Alger, clôturée hier à Alger.
En effet, la Casbah d’Alger, cité millénaire de la capitale algérienne, classée patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco depuis 1992, se trouve dans un état triste et lamentable, en ruine, avec l’effondrement de plus de la moitié de ses douirates (maisons) depuis l’indépendance. Ce qui a fait réagir l’expert Armin Dürr, de la plus forte manière, en présence d’officiels algériens. Ce dernier a déploré le temps précieux perdu et les moyens humains et financiers importants engagés depuis des années, sans résultat, dans les différentes opérations de sauvegarde de la Casbah d’Alger.
Monsieur Armin Dürr, qui maîtrise parfaitement son sujet puisqu’il a déjà été amené à travailler sur la restauration de ce site en tant qu’architecte dans les années 80′, dit trouver l’état actuel de la vieille médina de « déprimant ».
Il est également revenu en 2010 pour constater les taux d’avancement de la restauration des sites, dont certains sous sa direction, mais à regretté de voir que des projets, datant de plus de 30 ans, soient « à ce jour dans les cartons », malgré les moyens humains et financiers importants dont dispose l’Algérie. Il cite, pour exemple, les plans élaborés par ses soins, en 1987, pour des sites comme « Dar El Ghoula » et qui n’ont toujours pas été exécutés!. « A la place des projets de reconstructions, facile à réaliser, j’ai retrouvé des bidonvilles qui, une fois rasés, laisseront place à des terrains nus et inexploités », a-t-il expliqué.
L’expert a également relevé, avec étonnement, la disparition de certains sites importants, à l’image du Cimetière des Princesses et « la difficulté de trouver une maison bien entretenue pour inspirer les restaurateurs », ajoutera-t-il.
9000 milliards pour la restauration de la Casbah d’Alger !
Il est à signaler que l’Etat algérien, conscient de la valeur de ce patrimoine mondial, n’a pas lésiné sur les moyens et a alloué une enveloppe de 90 milliards de DA, soit 9000 milliards de centimes, depuis des décennies, pour la restauration et la conservation de la vieille médina. Mais quand on voit l’état actuel de la Casbah, qui ne cesse de se détériorer de jour en jour, on se pose, légitiment, la question de savoir comment est géré cet argent, l’argent du contribuable !?
A ce propos, et à titre comparatif, l’expert allemand a tenu à citer l’exemple de Nuremberg (Allemagne), une ville détruite à plus de 80% après la deuxième guerre mondiale et dont « la reconstruction, qui a pris vingt ans, a nécessité beaucoup moins de moyens financiers que ceux engagés par l’Algérie pour la réhabilitation de la Casbah d’Alger », affirme-t-il. Sans commentaires!

Les recommandations des experts de l’Unesco pour la Casbah
Les recommandations des experts de l’agence onusienne spécialisés dans la réhabilitation des centres historiques des villes anciennes, ont été présentées à la clôture des travaux de la réunion internationale sur la conservation et la revitalisation de la Casbah d’Alger. Parmi ces recommandations l’on cite :

-La création d’une « agence unique pluridisciplinaire » pour gérer le dossier de la Casbah d’Alger et réduire les lenteurs administratives et bureaucratiques qui entravent sa réhabilitation. Cette agence devrait, en outre, être dotée d’un « pouvoir de décision rapide » et regrouper toutes les disciplines en une « structure unique » afin que les opérations de réhabilitation ne soient plus « fragmentaires », mais inscrites dans un plan d’ensemble cohérent.
-La « relance dynamique » du plan de réhabilitation de la Casbah d’Alger, dans une vision plus large, intégrant le centre historique à la ville d’Alger et un « allègement » des procédures légales et administratives.
-Une plus grande implication de la société civile et des habitants de la Casbah, la création d’emplois et de petits commerces, ainsi que l’ouverture d’établissements de formation aux métiers et aux savoir-faire traditionnels, nécessaires à la restauration.
-Et, enfin, l’amélioration du cadre de vie global dans le centre historique par le récupération d’espaces publics et l’implantation de centres sociaux attractifs à même d’offrir les services de base à aux habitants.
A bon entendeur…