Nabil Mellouk, DG de l’ONT : « L’Algérie doit retrouver la place qui lui sied dans l’échiquier touristique mondial. » (Entretien)
Nabil Mellouk, le nouveau DG par intérim de l’Office National du Tourisme (ONT), maitrise parfaitement son sujet puisqu’il a travaillé, durant plus de 20 ans, au ministère du Tourisme et prépare, actuellement, un doctorat en sociologie du tourisme avec pour thème de thèse « Le tourisme interne en Algérie ». Homme communicatif et très à l’aise avec les médias, Nabil Mellouk a bien voulu, dans l’entretien qui suit, nous expliquer l’importance du rôle de l’ONT, sa nouvelle stratégie moderne et agressive de promotion, et son ambition de voir l’Algérie retrouver la place qui lui sied dans l’échiquier touristique mondial.
M. Mellouk, quel est le rôle de l’ONT ?
D’abord, je tiens à remercier le magazine CultureAlgérie pour cet entretien. L’Office national du Tourisme est un organisme qui dépend du ministère du Tourisme, de l’Artisanat et du Travail Familial, chargé de la promotion touristique institutionnelle. C’est-à-dire qu’il a pour mission de promouvoir la destination touristique Algérie aux niveaux national et international. Ceux sont là, les missions principales et fondamentales de l’ONT.
De quelle façon et par quels moyens ?
Nous avons plusieurs moyens pour faire la promotion du tourisme. Déjà, à travers les médias, les Eductours et les voyages d’étude organisés au profit des journalistes, des agences de voyage et des producteurs de voyages, notamment. Nous utilisons, également, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), puisque ce sont des moyens modernes et très efficaces pour toucher un public large et diversifié. Nous avons aussi les manifestations touristiques, à l’instar des salons spécialisés dans le tourisme, aux niveaux national et international. Donc, nous participons à ces salons spécialisés organisés, en Algérie, par des opérateurs privés comme les salons d’Oran ou de Constantine organisé par le Club des hôteliers de Constantine. Aussi, l’ONT organise, habituellement, le Salon International du Tourisme et des Voyages (SITEV). Nous avons donc une panoplie de moyens qui sont destinés à promouvoir la destination touristique Algérie.
Contrairement à votre prédécesseur, nous avons remarqué que vous avez réussi, en un laps de temps très court, donc en 6 mois, et grâce à votre esprit de communication et d’initiative, à redonner plus de visibilité à l’ONT, notamment via votre page facebook, très active, et à l’organisation d’Eductours en direction des médias et des agences de voyage. Pensez-vous que la presse spécialisée à un rôle à jouer dans la promotion de la destination Algérie ?
Effectivement. Nous essayons d’apporter un sang nouveau à cet organisme qui a une importance primordiale dans le domaine du tourisme. Nous avons, donc, organisé des Eductours au profit des médias, les revues spécialisées, les chaines de télévision publiques et privées, les réseaux sociaux, les influenceurs qui ont des comptes sur facebook, Instagram et Youtube, afin de toucher un maximum de monde. Et on a constaté que l’organisation de ces Eductours est un moyen très efficace et indispensable pour faire la promotion du tourisme interne et promouvoir des régions qui ne sont pas encore très connues et qui recèlent des potentialités touristiques importantes à l’instar de Tissemsilt…
Justement, nous avons aussi remarqué que pour ces Eductours vous avez choisi des sites écologiques, en milieux ruraux, comme pour la « Route des oliviers » à Tlemcen, une ferme à Setif et un site naturel et vierge à Tissemsilt. Est-ce à dire que l’ONT veut promouvoir le tourisme écologique en milieu rural ?
Absolument. Nous ciblons à promouvoir un tourisme durable. C’est-à-dire qu’on développe un tourisme en préservant la nature et l’environnement, et en créant des projets amis de la nature. Par exemple, à Tlemcen, nous avons effectuè un Eductour sur la « route des oliviers », qui est une route touristique qui traverse plusieurs communes sur un parcours de 160 Kms à partir de Mansourah jusqu’à Beni Snous et Sebdou, où l’on retrouve des champs d’oliviers et des maisons d’hôte en milieu rural. C’est un type de projet qui est très rentable au profit de la population locale afin de redynamiser le tourisme rural et permettre au touriste d’apprécier cet environnement et ses potentialités, comme des huileries ou de vastes champs d’oliviers et d’arbres fruitiers. De plus, le tourisme est intégré à travers les structures d’hébergement réalisées par les populations locales…
« Il faut encourager les maisons d’hôte en milieu rural »
Oui, ça pourrait être une excellente solution pour pallier au déficit des structures d’hébergement. Cependant, ce genre d’hébergement (maisons d’hôte) n’est pas encore codifié…
Il faut encourager ce type d’hébergement et le prendre en charge dans le projet de révision des textes, qui est en cours et initié par le ministère du Tourisme, et l’intégrer dans la liste des établissements hôteliers. Car c’est un type d’hébergement très demandé, et par les touristes, et par les investisseurs et populations locales. Et les textes doivent s’adapter à la réalité, prendre en charge cette demande et l’encadrer puisque cela va augmenter les capacités d’hébergement et facilitera les investissements en milieu rural.
Qu’en est-il du tourisme d’aventure en sachant que l’Algérie recèle d’innombrables sites féeriques, vierges et naturels ?
Je crois que le tourisme d’aventure pourrait devenir un tourisme d’excellence pour l’Algérie parce que nous avons des sites magnifiques, notamment au Sahara, où l’on retrouve des sites isolés et féeriques et où l’on peut pratiquer ce genre de tourisme qui est très sollicité par les touristes étrangers notamment. Nous avons de la demande pour le tourisme d’aventure et, généralement, les touristes européens recherchent ce genre de tourisme, chez nous, car nous avons un territoire très vaste au niveau du Sahara, qui représente environ 80% de la superficie de l’Algérie, où l’on retrouve de grands espaces, des montagnes, des gravures rupestres, des ergs, des regs, des oasis, des massifs volcaniques… et où l’on peut faire des bivouacs, des raid et road trip en 4*4, du ski sur sable, du trekking… etc. Et donc, tout cela fait parti du tourisme d’aventure. D’ailleurs, c’est l’une des recommandations faite par l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT), après une étude réalisée par un expert anglais, en collaboration avec le ministère du Tourisme, et qui est justement de développer le tourisme d’aventure comme produit phare pour l’Algérie, ainsi que le tourisme culturel, sportif, scientifique et l’écotourisme entre-autres.
La Covid-19 a « tué » le tourisme à l’échelle mondiale et risque de perdurer encore longtemps. Quelle est la stratégie de l’ONT pour contrer cette pandémie sur le plan touristique ?
Effectivement, la pandémie de la Covid-19 a causé des séquelles et des effets néfastes, et très négatifs, sur l’activité touristique à travers le monde et pas seulement en Algérie. Les agences de voyage et les hôteliers ont beaucoup souffert de cette pandémie. Mais l’ONT, en tant qu’organisme chargé de la promotion touristique, essaye de s’adapter à cette pandémie en lançant des initiatives en direction de la promotion du tourisme interne comme alternative. Actuellement, nous savons bien que le transport et l’espace aériens sont fermés, et donc, que le tourisme international est à l’arrêt. Nous avons, alors, focalisé nos efforts sur le tourisme interne. D’où l’organisation des ces récents Eductours, au profit des journalistes et des agences de voyage, afin de promouvoir le tourisme interne et les destinations touristiques locales. Ce sont là nos but et objectif.
Quelles sont vos priorités immédiates ?
Nos priorités sont d’améliorer la qualité de la promotion ; la qualité des actions de promotion. Nous comptons améliorer, dans la forme et dans le fond, nos supports promotionnels et moderniser nos initiatives et nos actions en matière de promotion touristique. Nous voulons dépasser la vision classique de la promotion touristique en apportant une touche moderne, en améliorant la qualité des actions de promotion et de ne pas être en marge de ce qui se fait à l’international. Être compétitifs sur les plans promotionnels, de la communication et du marketing, en modernisant les moyens utilisés pour la promotion de la destination touristique Algérie sur les plans national et international. Et ce, en utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), en favorisant la formation des ressources humaines qualifiées dans les domaines de la communication et du marketing, car nous considérons que le meilleur investissement est l’investissement humain qui est stratégique pour améliorer la promotion touristique de l’Algérie, et en nous associant aux médias spécialisés puisque nous travaillons pour les mêmes objectifs.
« L’ONT est la vitrine de l’Algérie »
Je vous laisse le mot de la fin
L’ONT a un rôle très important dans le positionnement de l’Algérie sur les marchés touristiques national et international. Il en est la vitrine. Le rôle de la communication est primordial pour la promotion de la destination touristique Algérie. Le rôle des médias spécialisés est très important, également, dans l’accompagnement de cette promotion afin de véhiculer une image positive de l’Algérie, pays continent avec une Histoire très riche, qui a un emplacement idéal dans le Maghreb, aux portes de l’Afrique et dans le bassin méditerranéen. L’Office national du Tourisme est appelé à une mission délicate et noble qui est de moderniser ses moyens, sa stratégie, ses plans de communication et de marketing afin que l’Algérie retrouve la place qui lui sied dans l’échiquier touristique mondial.

Entretien réalisé par Nassim ILÈS